Fondé à Genes l'année de notre salut 1604.
R'imprimés en ladite Ville, & accommodés à lapratique de l'observance des Constitutions; pour l'instruction desexercices spirituels, à l'usage des Monastere du même Ordre.
L'année M. DC. XXIV.
A BESANÇON,
Chez J. L. Boudret, Imprimeur-Libraire,proche les Jesuites.
M. DCC. XLV.
Considerant ces paroles du Prophête: Eccequam bonum, & quam jucundum habitare fratres in unum.C'est-à-dire que c'est une chose très-bonne & très-agreable que lesfreres demeurent ensemble en bonne intelligence.
1. Que chacune voye combien il est important de n'avoir qu'un mêmeesprit, & une même volonté avec ses Sœurs, par le moyen d'uneparfaite, generale & commune charité fondée en Dieu, évitanttoujours cet écuëil si dangereux des étroites & particulieresamitiés, si fort condamnées par les Saints, & défenduës par nosConstitutions.
2. Pour maintenir cette charité, il sera bon de reconnoitre que Dieuest present dans chacune des Sœurs, & de se regarder l'unel'autre, comme autant de très-cheres épouses de Jesus-Christ.
3. Chaque Sœur dans cet esprit de charité doit être prompte às'incommoder volontiers; quitter son repos, & encore ses exercicesspirituels pour aider sa Sœur dans son besoin, selon l'ordre dela sainte obéissance. Considerant qu'elle sert en elle Notre-SeigneurJesus-Christ, lequel a dit, Quod uni exminimis meis fecistis, mihi fecistis, c'est-à-dire, ce que vousavez fait au moindre des miens, je le tiendrai fait à moi-même.
4. Par la même charité qu'elles suportent encore avec patience lesdéfauts l'une de l'autre suivant ce que dit St Paul, Suportantes invicem in charitate, c'est-à-direSuportons-nous mutuellement en charité, à l'exemple de Notre-SeigneurJesus-Christ, lequel avec un très-grand amour a suporté nos défauts.
5. Et sentant quelque aversion, ou peu d'inclination pour traiter avecquelque Sœur, qu'elle ne manque point de converser avec elle,& de lui montrer de l'affection pour se vaincre, & la gagner; àquoi servira de considerer combien Notre-Seigneur a fait, &souffert pour elles, & qu'il ne fait point de cas de l'amour quenous lui portons si conjointement, nous n'aimons encore nosSœurs.
6. Et au contraire sentant de l'inclination plus pour l'une que pourl'autre, que tout aussi-tôt elle se défie d'elle-même, & qu'elles'en retire peu à peu, se contentant de traiter avec elle, comme avecles autres en public, & non pas en lieu secret, & de chosescommunes.
7. Parce que la mauvaise opinion que l'on a des personnes estsuffisante pour attiedir la charité que chacune évite de jugertemerairement de sa Sœur, conformément à ce que ditNotre-Seigneur, Nolite judicare & nonjudicabimini, c'est-à-dire. Ne jugez pas, & vous ne serez pasjugées. Mais qu'elle tâche d'interpréter toujours en bonne part ce quedisent & ce que font les autres, ou bien qu'elle les excuse avecune bonne intention, ou si elle ne les peut excuser qu'elle diminuë lacoulpe, & se tournant vers ses propres défauts, qu'elle se regardecomme la plus mauvaise de toutes, & qu'elle prie pour cetteSœur.
8. Soupçonnant que quelque Sœur